Interview de Gaëlle Cathy

Je vous propose aujourd'hui une interview d'auteure. Un format que j'avais quelque peu délaissé ces derniers temps et que je redécouvre avec plaisir.

Je vous présente donc Gaëlle Cathy, auteure de "La guerre", livre d'Urban fantaisy, que j'ai chroniqué il y a peu. Gaëlle Cathy n'en est pas à son coup d'essai avec ce roman. Elle a, entre autre, publié " Le feu et la Glace", "Un souffle à la fois", "Scènes de vie", "Toi et moi + Elle ...". Si vous voulez en savoir plus, un lien vers son blog :  ici. 

Tout d'abord. Une question à laquelle on ne coupe pas : Comment avez-vous commencé à écrire ?

Déjà je dois dire que je n'écris en français que depuis 2016. Tout était en anglais avant cela.  Au lycée j'écrivais des pseudos chansons mais c'est en 99 que j'ai commencé à vraiment écrire par le biais des fanfictions.

Mon milieu c'était Buffy the Vampire Slayer (déjà à cette époque mon truc c'était les vampires). J'écrivais principalement sur la relation complexe entre les deux tueuses (slayers) que sont Buffy et Faith. J'ai écrit 70 fanfics de 99 à 2007, principalement entre 2003 et 2005. 

Puis j'ai commencé à "m'essouffler" si je puis dire. Surtout que, depuis 2005, j'avais envie d'écrire cette histoire que j'avais dans ma tête depuis des années et qui deviendra "When the River Flows out of its Bed" (Quand la Rivière Sort de son Lit) une romance/intrigue F/F.

Mais il m'a fallu encore 2 ans pour arrêter les fanfictions et me lancer dans mes propre écrits, et 4 ans de plus avant de sortir enfin ce roman, surtout que j'en écrivais un autre parallèlement.

Un roman fantastique (Fantasy Urbaine. i.e. UF) qui n'était autre qu'une adaptation de la plus grande fanfiction que j'avais écrite (de 2005 à 2007). J'ai mis un temps fou à créer mon propre univers pour cette histoire. Ce roman fut le premier terminé mais, de par sa longueur (500,000 mots), je ne pouvais pas payer d'éditeur pour le corriger, et encore moins demander à des lecteurs-correcteurs de le faire gratuitement, comme ils le font souvent.

J'ai donc auto-publié "When the River Flows out of its Bed" fin 2011, et j'ai tout de même publié "Legacy" (mon UF) un an après, sans correction autre que les miennes en 2012. Puis d'autres romances F/F me sont venues et je n'ai plus écrit de roman fantastique jusqu'à "La Guerre" (Endless War pour sa version anglaise).

Mais alors pourquoi écrivez-vous ?  Quelles sont les raisons qui vous poussent à raconter vos histoires ?

C'est à cause de tous ces personnages qui viennent me murmurer à l'oreille nuit après nuit jusqu'à ce que j'expose enfin leur histoire. Ils chuchotent fort vous savez. 

Plus sérieusement, c'est ainsi que je m'exprime. Je suis très introvertie et j'ai beaucoup de mal à communiquer avec les autres. Après, cela devient un besoin.

Et en tant que lectrice, quelle est votre livre préféré ou votre genre de prédilection, si vous en avez un ?

Je dirais "Catalyst" par Laurie Halse Anderson, ou "Speak" par la même auteure, je les ai lus à la suite et ils m'ont marqué tous les deux. Ils ne sont ni fantastiques, ni F/F. Comme quoi. Je peux citer aussi "Le Parfum" de Süskind, lu au lycée, (j'étais la seule de la classe à l'avoir aimé. Mais, si je laisse mon humilité de côté, je vous dirais que mon livre préféré est mon pavé de 500,000 mots, "Legacy" que je lis et relis toujours avec plaisir (et très souvent). D'ailleurs je passe mon temps à le corriger au fil des lectures (car mon anglais s'est énormément amélioré depuis dix ans).

Quant à mon genre de prédilection, c'est difficile à dire, j'ai écrit 7 romances F/F contre deux fantastiques. Et je lis plus de F/F que de fantastique, mais, et vous trouverez ça bizarre, je suis plus télé/ciné que lecture, et dans ce domaine je ne regarde quasiment que du Urban Fantasy, pas de Fantasy (Le seigneur des anneaux etc.). L'univers de Buffy est mon top. Le fantastique dans notre réalité, c'est ça mon dada. Avec des persos souvent entre 17 et 25/30 ans. (Vampire Diaries, True Blood, Teen Wolf, etc…) Ma saga vampirique préférée reste "Underworld" cependant.

Et en ce qui concerne votre roman " La guerre" quelles ont été vos sources d'inspirations ?  Une petite référence à Twilight ?

Je vous avouerais que non. Pas lors de l'écriture en tout cas. Alors vu le 'produit' fini, et certains retours, je comprends que l'on puisse y penser, oui. Personnellement, comme je l'ai mis plus haut, quand je pense 'vampire' je pars sur "Buffy" et sur la saga "Underworld", plus que sur "Twilight", mais après je ne vais pas cracher sur les "Twilight", j'ai lu les livres (que je ne relirai pas cependant) et vu les films plusieurs fois (Bella m'énerve moins dans les films).

Je ne me suis pas rendu compte de certaines similitudes avec "Twilight" avant d'en discuter avec ma correctrice anglaise (qui a fait un travail monstrueux dessus). J'ai rajouté énormément de scènes après son retour et celui de mon correcteur français. Mais avant cela je n'avais pas fait de rapprochement, sans doute à cause des sujets un peu durs abordés dans mon livre.

Par contre le personnage de Jeneva était basé du départ sur Selene de "Underworld" car je suis accroc à ce personnage. C'est sûrement toutes ces choses en tête qui m'ont empêché de voir certains aspects Twilightique () du livre.

Un personnage bisexuelle dans un roman de Fantasy c'est assez rare ( et personnellement cela me plaît, un peu de diversité). Comment expliquez-vous ce choix ? 

Je suppose que c'est plus facile pour moi d'écrire cela vu que j'écris de la romance F/F. Mais je crois surtout que le personnage ne s'est pas posé cette question. Il y a eu une connexion immédiate, presque innée avec ce personnage charismatique, et ce sentiment de bien-être et de sécurité qui évolue vers une attirance plus sentimentale et sexuelle. Cela arrive assez rapidement vu les sentiments amplifiés par le côté fantastique.

C'est ce que j'aime dans la fantasy urbaine, cela amplifie les sentiments réels; peine, amour, haine, loyauté, amitié etc. Pour moi la sexualité est fluide. A cet âge il est difficile de se définir, et c'est sans doute pour cela que l'on ne devrait pas chercher à se définir et justement laisser cette notion de fluidité guider nos pas.

Mais à l'adolescence, le besoin d'appartenance, de savoir ou l'on se situe est trop fort, et parfois il nous emmène sur des chemins qui ne seront pas forcément les nôtres au final. Il faut parfois très longtemps pour comprendre ce qui nous colle vraiment à la peau.

Sur ces belles paroles, quel serait votre rêve en tant qu'auteure ?

J'imagine que tout auteur souhaiterait déjà pouvoir vivre de sa passion. Peut-être ceux qui rêvent plus fort (et ils ont raison) souhaiteraient un best-seller (ou deux, ou plus). 

Un truc qui m'aurait bien plu aurait été que l'un de mes deux premier romans (le fantastique et la romance/intrigue) soit adapté au cinéma, je pense que cela aurait pu donner un bon film (ou une bonne saga dans le cadre du fantastique qui se découpe facilement en trois/quatre parties).

Mais déjà, oui, pouvoir vivre de la vente de mes livres me plairait.

Et dans le futur, avez vous d'autres projets en tête ?

Oui, deux même. J'ai un autre fantastique en cours, et un autre (toujours fantastique est prévu juste derrière). Les deux n'ont rien à voir l'un avec l'autre, et encore moins avec "La Guerre", pas de vampires ni de loups-garous.

J'avais commencé ces trois là en 2015, puis d'autres personnages (de mes romances) ont chuchoté plus fort et j'ai raconté leurs histoires d'abords. Mais là je reviens à mes premiers amours si je puis dire. Toutefois, j'ai mis le roman fantastique en pause car j'ai retrouvé dans un vieux disque dur portable un dossier avec 6 histoires courtes datant de 2008 et 2012, en anglais bien sûr que j'avais complètement oublié. 3 sont terminées et 3 inachevées, j'ai eu de suite envie de les traduire et les terminer pour les publier toutes ensemble. Donc j'écris là-dessus en ce moment. Ce sont des histoires F/F mais la romance n'est pas forcément au centre de l'histoire. Il y a d'ailleurs deux histoires fantastiques dans ces six histoires courtes.

Et enfin, une question qui pourrait intéresser nos lecteurs qui ont des envies d'écriture. Quel serait votre conseil pour quelqu'un qui souhaiterait se lancer dans ce voyage?

Cette question est très difficile. Je me pose d'ailleurs beaucoup de questions en ce moment. Bon déjà cela va déprendre si je dois m'adresser à un auteur signé dans une maison d'édition ou à un auteur indépendant. Je pense que les choses sont un peu plus claires pour un auteur signé, et il sera plus accompagné. Je ne saurais pas quoi lui dire, ne connaissant pas cet aspect là

A un auteur indépendant, déjà je lui dirais de s'accrocher. Mais après je lui dirais de bien se poser la question du pourquoi il écrit, car à un moment il faudra peut-être faire des choix.

Du coup je vais un peu me mettre à nue et prendre mon exemple car je suis en plein dedans. Depuis que je publie mes romances F/F en français j'ai trouvé un certain public qui me suit. Avant cela je ne pensais pas vraiment à l'aspect financier, j'ai toujours écrit parce que j'en avais envie ET ce que j'avais envie d'écrire.

Mais depuis ses traductions je gagne pas mal, surtout l'an passé (pas de quoi en vivre mais non-négligeable non plus). Or là, je suis tombée sur un os, si je puis dire, avec "La Guerre". J'ai eu beaucoup de mal à le lancer, et je continue de faire le forcing en termes de promo car j'ai du mal à trouver un public.

Le mien ne m'as pas suivi là-dessus, où très peu (ce que je comprends). Mais vu que j'ai deux UF en route derrière et que mon public, lui, me demande de la romance F/F (sur laquelle je suis un peu à sec pour l'instant), ça me tracasse.

Donc la question qui se pose est: Est-ce que je force un peu les histoires à venir en F/F pour rester dans un milieu où il y a beaucoup moins d'offres et donc le public en demande. Où je continue de faire ce que j'ai toujours fait: écrire ce que j'ai envie d'écrire quand ça me vient, au risque de me prendre un mur à chaque fois car là (dans le fantastique), l'offre est tellement importante que faire son trou est quasi mission impossible.

Si l'auteur prend vraiment en compte l'aspect financier, il faudra qu'il pense à ces choses et savoir sur quel marché il veut se lancer, quel public il veut cibler et avoir un projet bien défini, quitte à parfois écrire pour plaire plus que pour le plaisir.

Moi j'ai toujours écrit en Freestyle comme je l'appelle. J'écris ce qui me vient. Je ne planifie pas. C'est sans doute pour cela que je ne deviendrais jamais S. King, Hemingway ou autres.

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Merci à Gaëlle Cathy pour ces réponses très complètes et intéressantes !

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